Conférences et colloques

Compte rendu de la conférence en présentiel “La France en Algérie 1482–1945” par Philippe San Marco le 30 novembre 2024

2 décembre 2024

Extrait d’un article de José D’Arrigo paru sur www.monsieur-legionnaire.org

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Philippe San Marco : “La France n’a commis aucun génocide en Algérie”

Lorsqu’on assiste à cer­taines cha­maille­ries de cour d’école à l’Assemblée natio­nale et qu’on écoute d’une oreille dis­traite les sem­pi­ter­nelles jéré­miades de nos dépu­tés, on en vient par­fois à assi­mi­ler leur pro­pa­gande par­ti­sane à de la musique d’ascenseur. Un bruit lan­ci­nant, régu­lier, auquel on finit par ne plus faire atten­tion tant il est déri­soire et convenu.

Lorsqu’on écoute l’ancien dépu­té socia­liste Philippe San Marco, c’est exac­te­ment l’inverse. On prête l’oreille. Pourquoi ? Parce que cet homme de convic­tion a déli­bé­ré­ment sacri­fié sa car­rière poli­tique pour dire la véri­té, ou par­fois même leurs quatre véri­tés à ceux qui désho­norent la poli­tique, c’est-à-dire les game­leurs, les car­rié­ristes et les escrocs. Des caté­go­ries qu’on retrouve dans tous les camps.

En s’opposant fron­ta­le­ment aux per­son­nages qui avaient mis la ville de Marseille en coupe réglée dans les années 80, le pro­fes­seur Philippe San Marco n’a certes pas choi­si la voie de la faci­li­té car il aurait pu, lui aus­si, fer­mer les yeux. Il ne l’a pas fait, ce qui lui confère aujourd’hui l’aura par­ti­cu­lière de l’honnête homme qui pri­vi­lé­gie l’objectivité et la véri­té dans ses livres et ses conférences. 

Le lieutenant-colonel Constantin Lianos, pré­sident de l’association des anciens com­bat­tants et amis de la Légion Etrangère, a donc été une nou­velle fois bien ins­pi­ré d’inviter l’ancien dépu­té et Premier adjoint de Gaston Defferre à la mai­rie de Marseille à s’exprimer sur son der­nier livre inti­tu­lé : « La France en Algérie : 1482–1945 ».

Le géné­ral de corps d’armée Christian Piquemal, ancien com­man­dant de la Légion Etrangère, le géné­ral Jean-Paul Andreoli et le colo­nel Daniel Moine, adjoint au maire du 9eme et 10eme arron­dis­se­ment de Marseille, délé­gué à la vie com­bat­tante et aux affaires mili­taires ne s’y sont pas trom­pés non plus puisqu’ils ont assis­té au pre­mier rang à l’intervention de Philippe San Marco, ancien pro­fes­seur asso­cié à l’école Normale Supérieure de la rue d’Ulm, ancien direc­teur de cabi­net des pré­fets de la Nièvre, du Val de Marne, de l’Orne et du Pas-De-Calais.

La qua­li­té essen­tielle de l’intervenant, c’est qu’on ne peut pas lui racon­ter d’histoires à dor­mir debout : il connait par­fai­te­ment les rouages de la haute admi­nis­tra­tion et les cou­lisses de la poli­tique. Et il a eu le cou­rage de fuir les erre­ments de ce « milieu » poli­tique qui déses­père un grand nombre de nos com­pa­triotes à l’heure actuelle. Sa quête d’idéal rap­pelle celle de Jean-Paul Giraud, vice-président socia­liste aux finances du conseil géné­ral de l’Isère et adjoint aux finances du maire de Grenoble durant une tren­taine d’années, qui m’a fait cette confi­dence lorsqu’il a été recru­té en qua­li­té de direc­teur de cabi­net par Eugène Caselli, frai­che­ment élu à la tête de la com­mu­nau­té urbaine de Marseille en avril 2008.

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« Je suis socialiste et je suis Marseillais. Mais je ne suis pas un socialiste marseillais… »

Voilà une obser­va­tion iro­nique que de nom­breux mili­tants sin­cères, écœu­rés par les magouilles mar­seillaises du par­ti socia­liste (fausses cartes d’adhérents, favo­ri­tisme, bour­rage mas­sif des urnes en 1983, fraudes dans l’attribution des mar­chés publics, fausses fac­tures, etc.) auraient pu reprendre à leur compte. De fait, le pro­fes­seur Philippe San Marco aurait pu fort bien nous glis­ser à l’oreille : « Je suis socia­liste et je suis Marseillais. Mais je ne suis pas un socia­liste mar­seillais… » Son iti­né­raire, au fond assez chao­tique pour un homme qui aurait pu être aisé­ment ministre de la République s’il avait pris quelques accom­mo­de­ments avec sa déon­to­lo­gie poli­tique, res­semble à celui d’un Arnaud Montebourg, autre pour­fen­deur de lar­rons en foire, qui a dit sur le per­ron de son der­nier minis­tère : « Il faut savoir quit­ter la scène quand on ne sait pas jouer plus long­temps la comédie ».

M. San Marco n’a donc rien caché sur les rela­tions tumul­tueuses entre la France et l’Algérie. Si vous ne deviez rete­nir qu’un seul fait de cette magis­trale confé­rence de près de trois heures, c’est la domi­na­tion otto­mane de trois siècles sur la régence d’Alger. Comment s’y sont pris les Turcs ? Toujours la même recette : la carotte – dis­cus­sion et appui aux tri­bus – et le bâton tenu d’une main de fer par 5000 janis­saires – déca­pi­ta­tions ou étran­gle­ment pour les res­pon­sables qui ne par­ve­naient pas à faire payer l’impôt aux indigènes.

Les Français ont eux aus­si employé la force mais pas tou­jours à bon escient et ils ont com­mis des erreurs poli­tiques qui ont aiguillon­né la ven­geance des indi­gènes. Quelles erreurs ? Ils n’ont jamais vrai­ment accor­dé la citoyen­ne­té fran­çaise aux Arabes qui étaient sou­vent consi­dé­rés comme des sous-citoyens. Ils n’étaient pas des Français à part entière, comme les colons, jouis­sant des mêmes droits civils et civiques, mais des Français entiè­re­ment à part. On connait le résultat…Le seul moyen de colo­ni­ser un pays, Napoléon III l’avait par­fai­te­ment com­pris, c’est d’en res­pec­ter les mœurs, les habi­tudes, et la reli­gion. Or, depuis que l’étendard fran­çais a pris la place du crois­sant en Algérie, la loi, la jus­tice et la rai­son ne règnent pas en maître, mais plu­tôt l’ineptie, la fraude et la concus­sion. Ce régime d’arbitraire et de bon plai­sir ne pou­vait qu’aboutir à la catas­trophe finale de la guerre d’Algérie entre 1954 et 1962.

Certes, ce sont bien les Français qui ont mis un terme à l’esclavagisme, aux pira­te­ries bar­ba­resques des cor­saires, aux guerres de courses en Méditerranée et sur l’Atlantique, aux crimes sor­dides des janis­saires, mais ils n’ont jamais su vrai­ment orga­ni­ser leur pou­voir en Algérie. En l’espace de vingt jours, nos armées ont détruit une puis­sance « qui fati­guait depuis trois cents ans toutes les nations civi­li­sées ». Certes, ils ont construit de nom­breuses écoles, lycées, col­lèges, des hôpi­taux, des dis­pen­saires, des voies fer­rées, des routes car­ros­sables et des champs labou­rables. Mais M. San Marco n’aime pas évo­quer les « bien­faits » et les « méfaits » de la colo­ni­sa­tion qui ne satis­font que les adeptes du « bilan contre bilan ».

Il est for­mel : il n’y a eu aucun géno­cide en Algérie, contrai­re­ment à ce que croient les jeunes géné­ra­tions issues de l’immigration magh­ré­bine. Les indi­gènes n’ont jamais ser­vi de « chair à canon ». Comme le disait Tocqueville : « Il faut renon­cer à un sys­tème qui consiste à plan­ter des hommes comme on plante des asperges ». Le capi­taine Villot le disait sans ambages : « De deux choses l’une, ou il faut exter­mi­ner les Arabes, ou il faut être juste avec eux. Si on veut les lais­ser vivre, il ne faut pas les dépouiller, si on veut s’emparer de leurs terres, il me paraît insen­sé de les lais­ser vivre près des biens qu’on leur a enlevés ».

Les témoi­gnages sur les spo­lia­tions, les confis­ca­tions, l’usure, les abus abondent. Et comme le dit Montesquieu : « le plus dan­ge­reux des des­po­tismes, c’est celui qui s’abrite sous le man­teau de la léga­li­té ». Pourra-t-on un jour sol­der ce pas­sé vécu comme un pas­sif. « Oui, estime M. San Marco, mais il y fau­dra du temps et une grande diplo­ma­tie. La paix mémo­rielle, ça se passe dans les cœurs. Or le pou­voir algé­rien actuel ne vit que de l’anti-France. Il faut sup­pri­mer tous les gestes de repen­tance. La France n’est pas condam­née à se faire humi­lier en per­ma­nence. La mani­pu­la­tion de notre pas­sé colo­nial n’a pas pour objec­tif de réta­blir une véri­té acces­sible à tous, mais vise à nous faire honte de nous-mêmes pour nous inci­ter à bais­ser les armes. »

Le géné­ral Jean-Paul Andreoli a salué en conclu­sion cette magis­trale confé­rence du pro­fes­seur San Marco, « remar­quable par sa hau­teur de vue et la qua­li­té de sa docu­men­ta­tion ». Pour lui, l’histoire entre les deux pays, au lieu de se can­ton­ner à de paci­fiques rap­ports com­mer­ciaux, est pleine d’incompréhensions et de cris­pa­tions. « Nous subis­sons ici l’échec de l’intégration et de l’assimilation de cer­taines com­mu­nau­tés et nous glis­sons vers une guerre civile à bas bruit. Nous ne pour­rons pas faire l’économie des tri­bu­la­tions à venir. »

Le géné­ral Andreoli a rap­pe­lé avec sa sobrié­té habi­tuelle que la guerre de conquête avait été « féroce » avec des « enfu­mages » et des « liqui­da­tions de vil­lages ». Ces sou­ve­nirs fâcheux ont favo­ri­sé l’émergence d’une rébel­lion et d’une aspi­ra­tion à l’indépendance dont nous n’avons pas fini de payer le prix. « On a raté notre sor­tie d’Algérie, a‑t-il esti­mé, et la démo­gra­phie ne plaide pas en notre faveur. Nous sommes encore les plus forts mais elle tra­vaille pour les Algériens. Il faut dire toute la véri­té aux jeunes géné­ra­tions car ils ne savent rien et on ne leur apprend rien ».

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