Premio Saggistica : “Restituite la Terra!” di Philippe San Marco (04/11/2021)
con la seguente motivazione : “L’appello del titolo e il sottotitolo lasciano subito immaginare rivendicazioni sociali che partono da lontano con una sete di giustizia. Il cognome dell’autore e il fregio del cancello in copertina sottilmente sottolineano la partecipazione emotiva, seppur distaccata, per una ricerca di oggettività che riesce a vincere la soggettività del saggio. Ne esce un quadro della storia in parte inedita di una Sicilia e delle sue democrazie cangianti nel tempo e trascurate dalle tradizionali analisi. Il libro inizia dalla ricerca dell’identità del bisnonno dell’autore, quasi come un racconto che si rivela invece un saggio che appassiona il lettore. Una metafora attraverso un punto di vista apparentemente e geograficamente limitato e personale ma che affronta sinteticamente le tappe dei corsi e dei ricorsi storici della Sicilia da una cornice antecedente al 1600 sino al 2013. Il libro diviene così un’analisi socio economica del diritto alla terra e della Licentia populandi, coi conflitti tra poteri che si oppongono e troppo spesso opportunisticamente si legano. Nobiltà, feudalesimo, mafia, stragi, rivoluzioni, poteri e soprusi : deja vu in una Sicilia con identità cangianti in un’Unità d’Italia ancora non matura.”
Prix Essai : “Restituite la Terra!” de Philippe San Marco (04/11/2021)
avec la motivation suivante : “L’appel du titre et le sous-titre laissent immédiatement imaginer des revendications sociales qui partent de loin avec une soif de justice. Le nom de famille de l’auteur et la frise du portail sur la couverture soulignent subtilement la participation émotionnelle, même si elle est détachée, pour une recherche d’objectivité qui réussit à vaincre la subjectivité du sage. Il en ressort un tableau de l’histoire en partie inédite d’une Sicile et de ses démocraties changeantes au fil du temps et délaissées par les analyses traditionnelles. Le livre commence par la recherche de l’identité de l’arrière-grand-père de l’auteur, presque comme un récit qui se révèle au contraire un essai qui passionne le lecteur. Une métaphore à travers un point de vue apparemment et géographiquement limité et personnel mais qui affronte de manière synthétique les étapes des cours et des recours historiques de la Sicile d’un cadre antérieur au 1600 jusqu’en 2013. Le livre devient ainsi une analyse socio-économique du droit à la terre et de la Licentia populandi, avec des conflits entre pouvoirs qui s’opposent et trop souvent opportunistes. Noblesse, féodalité, mafia, massacres, révolutions, pouvoirs et abus : déjà vu dans une Sicile aux identités changeantes dans une Unité d’Italie qui n’est pas encore mûre.”
Le discours de Philippe San Marco
Je voudrais remercier les éditions Mirto de l’organisation de ce prix et le jury d’avoir attribué la première place à mon livre, ce dont je suis très honoré et que j’accepte avec humilité et une grande joie. Mais l’italien n’est pas ma langue maternelle. Même si mon grand père est né à Palerme en 1860, son désir passionné de s’intégrer dans sa nouvelle patrie, la France, l’a conduit , comme beaucoup d’autres à l’époque, à ne pas transmettre sa langue à ses enfants. C’est à l’occasion de recherches effectuées bien plus tard, et qui ont donné lieu à un premier livre « l’Eredita Siciliana », que j’avais dû faire l’effort, alors que j’étais déjà adulte, d’apprendre l’italien que, vous l’avez compris, je parle comme une langue étrangère et toujours comme un débutant. C’est donc une traduction faite par Laura Verduci qui est sélectionnée aujourd’hui. Le mérite lui revient donc en partie, ce dont je la remercie et la félicite.
Je voudrais aussi remercier la municipalité de Palerme, et d’abord les Archives communales qui ont prêté leurs salles magnifiques pour cette cérémonie, ce qui donne à celle-ci une dimension historique et esthétique exceptionnelle. Je connais bien ces lieux car je m’y suis rendu au cours des longues recherches que j’ai effectuées durant ces 20 dernières années. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’avais fais la connaissance d’Attilio Albergoni qui y avait travaillé et qui m’avait aidé à me retrouver dans un labyrinthe rendu encore plus difficile pour un étranger.
Remercier aussi les autres candidats à ce prix dont les ouvrages auraient très bien pu être retenus à la place du mien. C’est notre présence à tous qui donne de la saveur à l’exercice.
Remercier mon éditeur, les éditions Diogène, de Bologne, dirigées par Mario Trombino qui m’a fait confiance alors que ce livre, déjà publié en France, ne trouvait pas son éditeur ici.
Remercier aussi mon ami Pippo Oddo, à mon avis le plus grand historien de la Sicile contemporaine, qui m’a toujours fait partager son immense savoir avec générosité et fraternité et qui m’avait conseillé de concourir à ce prix.
Remercier enfin la municipalité de Villafrati et son maire, Franco Agnello, qui, à la suite de la publication de ce livre, a décidé de m’accorder sa citoyenneté honoraire. Ce qui est pour moi un honneur que j’ai reçu avec beaucoup d’émotion. C’est qu’il m’a suffi de tirer les fils de l’histoire de ce village de la province de Palerme, celui de ses acteurs petits et grands, pour qu’un monde d’une profondeur exceptionnelle permette, bien au-delà de Villafrati, de rattacher le présent au passé, d’en cerner les forces et les faiblesses, et d’en tirer une méditation qui, comme souvent en Sicile, mélange le local à l’universel. C’est pourquoi le livre s’appuie sur un va-et- vient constant entre l’histoire locale, nationale, que la nation soit la Sicile ou l’Italie, et l’internationale dont la dimension ici est ancienne ne serait-ce qu’en tant que frontière de la Chrétienté, mais aussi parce que cette ile a sans cesse fait l’objet de transactions entre les diverses puissances européennes.
Certains, peu nombreux, m’ont reproché un tableau qu’ils jugeaient parfois trop critique. Sans jamais dire exactement là où je me serais trompé. Ce qui m’empêche de corriger ou de préciser ce qui en effet mériterait de l’être. Mais, même si d’erreurs factuelles il n’y en a pas, j’entends quand même cette remarque et je veux y répondre en reconnaissant d’abord qu’il s’agit en effet de l’œuvre d’un étranger, qui ne peut se substituer à un natif dont il ne pourra jamais partager l’imaginaire transmis dès le sein de sa mère. Et pas de n’importe quel étranger mais d’un Français dont tout l’héritage mémoriel est radicalement différent. Mais c’est aussi, je crois, ce qui fera pour vous l’intérêt du livre qui vous est proposé non pas comme une leçon, certainement pas, mais qui se caractérise justement par le recul, le prisme, la déformation qu’apportent l’étrangéité et l’altérité, toutes deux revendiquées et qui ne demandent pas d’excuses. Pour compliquer encore les choses, ce qui fait aussi l’originalité, la singularité de cette œuvre est d’être celle de l’ arrière-petit-fils d’une jeune veuve de 32 ans avec sept enfant qui a dû prendre seule la décision terrible de l’exil vers l’inconnu, sans retour. Or on ne peut imaginer celle-ci sans ressentir le courage, la froide détermination, la rage même dont elle a eu besoin pour trouver en elle la force de cette rupture. Je veux donc dire ici que ce livre est d’abord un livre d’amour pour tous ces gens simples qui ont dû traverser tant d’adversité, qu’ils soient restés en Sicile ou qu’ils aient dû se résigner à partir. Le temps est passé et les choses ont changé. Heureusement souvent, et pas suffisamment parfois. Mais reste toujours cette espérance qui est caractéristique de l’âme des Siciliens dont même l’exaspération est une forme de fidélité à un idéal, surtout s’il est trahi ou simplement oublié.
Il ne s’agit donc pas à proprement parler d’un livre d’histoire, il y en a d’autres bien meilleurs, mais en s’incarnant charnellement dans des personnages enracinés sur un petit morceau de cette terre, en les suivant, eux et leur descendance, il s’agit plutôt d’une méditation sur le passé en ce qu’il nous éclaire sur le présent, qu’il nous fait comprendre les ressorts de notre quotidien, les conséquences durables de choix aléatoires qui auraient pu être autres mais qui pèsent encore sur nos épaules et dont nous devons avoir conscience afin que ce passé ne nous enferme pas mais au contraire, pour avancer, nous libère. C’est pourquoi au-delà d’éventuelles critiques au demeurant bien naturelles, ce livre est et se veut l’outil d’une espérance.
Il discorso di Philippe San Marco
Buongiorno a tutti, vorrei cominciare scusandomi : l’italiano non è la mia lingua madre. Anche se mio nonno è nato a Palermo nel 1870, il suo desiderio appassionato di integrarsi nella sua nuova patria, la Francia, l’ha condotto, come molti altri dell’epoca, a non trasmettere la sua lingua ai suoi figli. Le mie ricerche avvenute ben più tardi, che hanno dato luogo al mio primo libro « L’Eredità Siciliana », erano l’occasione per fare lo sforzo per apprendere, già adulto, la lingua italiana, che, come avete capito, parlo come lingua straniera e da debuttante. E’ dunque una traduzione fatta da Laura Verduci che è selezionata oggi. Il merito è quindi in parte anche suo, per cui la ringrazio e mi felicito con lei.
Vorrei ringraziare le Edizioni del Mirto e la giuria per essere stato scelto tra i finalisti di questo premio rinomato.
Questa nomina era già una grande vittoria per me, e adesso, che apprendo di recevere il primo premio, potete immaginare l’emozione !
Vorrei anche ringraziare il Comune di Palermo, e innanzitutto l’Archivio comunale che ha messo a disposizione le sue magnifiche sale per questa cerimonia, che le dona una dimensione storica ed estetica eccezionale. Conosco bene questo luogo poichè mi sono recato qui nel corso delle lunghe ricerche da me condotte nell’arco di questi ultimi vent’anni. D’altronde in quell’occasione avevo fatto conoscenza con Attilio Albergoni che lavorava qui, e che mi aveva aiutato a ritrovarmi in questo labirinto, reso ancora più difficile per uno straniero.
Ringrazio anche gli altri candidati a questo premio perché competere è un buon esercizio !
Ringrazio il mio editore, le Edizioni Diogene, di Bologna, dirette da Mario Trombino che mi ha dato fiducia mentre questo libro, pubblicato in Francia, non trovava il suo editore qui.
Ringrazio anche il mio amico Pippo Oddo, a mio avviso il più grande storico della Sicilia contemporanea, che ha sempre condiviso con me il suo immenso sapere con generosità e fraternità e che mi aveva consigliato di concorrere a questo premio.
Ringrazio infine il Comune di Villafrati e il suo sindaco, Franco Agnello, che, dopo la pubblicazione di questo libro, ha deciso di darmi la cittadinanza onoraria. Cosa che è per me un onore e che ho ricevuto con molta emozione.
Mi è bastato tirare le fila della storia di questo paese in provincia di Palermo, fatta di attori piccoli e grandi, ben oltre Villafrati, perchè emerga un mondo di una profondità eccezionale, che ha permesso di riallacciare il presente al passato, delineandone le forze e le debolezze e di estrapolarne una meditazione che, come sovente in Sicilia, mescola il locale e l’universale.
Ecco perchè il libro si appoggia su un andirivieni costante temporale e spaziale, tra storia locale, nazionale, che la nazione sia la Sicilia o l’Italia, e internazionale la cui dimensione qui è antica, e non lo sarebbe se non in quanto frontiera della Cristianità, ma anche perché quest’isola è fatta oggetto di transazioni tra le diverse potenze europee.
Innanzitutto si tratta dell’opera di uno straniero, che non può sostituirsi a un nativo con cui non potrà mai condividire l’immaginario trasmesso dal seno di sua madre. E non di un qualsiasi straniero, ma di un Francese, la cui eredità della memoria è radicalmente differente. Ma questo è anche, credo, ciò che vi incuriosirà del libro che vi è proposto non come una lezione, certamente no, ma che si caratterizza propriamente per il decentramento, il prisma, la deformazione che apporta la « stranieritudine » e l’alterità.
Per complicare ancora le cose, ciò che ne fa anche l’originalità, la singolarità di quest’opera è che l’autore è il pronipote di una giovane vedova di trentadue anni con sette bambini che ha dovuto prendere da sola la decisione terribile dell’esilio verso l’ignoto, senza ritorno. Perciò non ci è possibile immaginare questa donna senza sentirne il coraggio, la fredda determinazione, la stessa rabbia di cui lei ha avuto bisogno per trovare in se stessa la forza di questa rottura.
Voglio dunque dire qui che questo libro è innanzitutto un libro d’amore verso tutte quelle persone semplici che hanno dovuto attraversare tante avversità, che siano rimasti in Sicilia, o che abbiano dovuto rassegnarsi a partire. Il tempo è passato e le cose sono cambiate. Fortunatamente spesso, e non abbastanza a volte. Ma resta sempre questa speranza che è caratteristica dell’anima dei Siciliani, la cui stessa disperazione è una forma di fedeltà a un ideale, soprattutto se esso è tradito o semplicemente dimenticato.
Non si tratta quindi di un libro di storia propriamente detto, ce ne sono altri di gran lunga migliori, ma d’incarnarsi carnalmente nei suoi personaggi radicati su un pezzettino di questa terra, seguendoli, loro e la loro discendenza, si tratta piuttosto di una meditazione sul passato che illumina il presente, che ci fa comprendere la molla del nostro quotidiano, le conseguenze durature di scelte aleatorie che avrebbero potuto essere altre, ma che pesano ancora sulle nostre spalle e di cui dobbiamo avere coscienza per non essere rinchiusi nel nostro passato ma al contrario, per avanzare liberi.
Ecco perché, questo libro è e vuole essere strumento di speranza.